Albane a choisi de poser son chevalet en Chartreuse sur le Plateau des Petites Roches.
Sous les branches
« Dans des paysages bousculés par une lumière pigmentée
Se révèle l’enthousiasme du peintre éclairé
Les cadrages serrés installent une proximité complice
Que son regard déterminé invite à mettre en perspective
Ce sont les arbres qui soutiennent la Terre et le vent la fait tourner, dit-elle
Alors l’œuvre s’anime en sa présence et s’étire jusqu’au ciel
La matière subtile s’impose en reliefs mais sans contour
Dans un geste courageux, fluide mais sans détour
Feuillages denses, empreintes d’écorces en touches franches
L’artiste brosse les airs, sincère, en respirant sous les branches
Malgré l’orage, malgré la nuit, la lumière fidèle refait toujours surface
A la mort, à la vie, Albane tient ses promesses et peint l’espace qui nous rapproche. »
Pierre Berger
Après 6 ans d’études en écoles d’art (Arts Plastiques et Beaux Arts), Albane a eu la chance, dit-elle, de rencontrer en 2005 l’artiste Claude Blanc-Brude, qui l’a aidée à prendre confiance et à libérer son écriture picturale.
Elle réalise aussi régulièrement des carnets de voyage et obtient le 1er prix du festival du carnet de voyage à Grenoble en 2003.
Albane profite de ses voyages pour croquer, esquisser ou peindre le vivant comme autant de traces de ses expériences… fenêtres ouvertes sur un univers côtoyé, témoignages de la rencontre avec l’autre qu’elle affectionne tout particulièrement.
Peindre
« Peindre », vise à puiser dans le réel, l’énergie du monde et essayer de la transposer sur la toile… C’est se positionner dans la nature, prendre conscience de notre place, notre être et ce qui nous entoure. En quelque sorte, il s’agit de se connecter au monde et faire partie d’un tout.
Je peins le plus souvent dehors, en plein air…. Dans un 1er temps, j’accueille, observe, écoute, ressens. Mes pieds sont nus, bien ancrés dans le sol.
Je sens petit à petit les vibrations de la terre monter en moi, l’énergie m’envahir, me saisir, me traverser.
Je sens l’air circuler autour de moi, il me caresse les joues, j’en prends conscience. Et soudain, l’air prend une couleur.
Lentement, l’œil travaille et s’aiguise, les teintes s’affinent et se multiplient. A ce moment-là, je ne « vois » plus mais je « regarde ».
C’est alors que peindre devient une véritable nécessité : Je « dois » peindre. Le rythme s’accélère, tout se précipite et crépite en moi, me prend, me bouscule. Mon corps vibre et je dois jeter sur la toile des coups de larges brosses, les touches se succèdent. Ça coule, ça gicle. Je griffe, je creuse, je jette. J’essuie, je racle, je pose et je juxtapose.. .
Là, j’ai tout donné et je me sens épuisée.
Alors je prends le temps de regarder ce qui est posé sur la toile et j’accepte ce qui vient de sortir de moi…
Petit à petit doit naître un lent travail de reconstruction.
Il s’agit de retrouver un ensemble harmonieux, où le vide entre en écho avec le plein, où les couleurs se répondent les unes aux autres.
Je cherche, je construis, je structure.
Les troncs des arbres, vertigineux axes verticaux, rythment le paysage, et soulignent le lien permanent entre la terre et le ciel.
Je cherche à retrouver dans ma peinture le flux et la teneur des énergies que j’ai pu moi-même ressentir, le mouvement de l’air qui circule autour de ces arbres…cet air qui bercé par la lumière, ronge la forme d’un tronc jusqu’à en faire disparaître la ligne d’un trait de contour. »